Tunnel d’Orgon

C’est en 1672 que Mgr. De Boisgelin, Archevéque d’Aix, Président des états de Provence, ordonne la construction d’un canal d’irrigation qui dans son état final devait desservir le versant septentrional des Alpilles. Ce canal, nommé canal des Alpines, dont la construction a débuté en 1772, fut achevé en 1875 toutes branches confondues.

Le tunnel d’Orgon, identifié comme tunnel de la mine ou tunnel de Boisgelin a été réalisé dans les années 1780, période de la création du canal des Alpines.

En 1774 le mot français tonnelle, traduction du terme anglais tunnel, est utilisé dans la description du souterrain du canal de Boisgelin à Orgon. En 1857, par extension, tunnel signifiera « galerie, passage à travers ou sous quelque chose ».

L’objectif de ce tunnel était de permettre au canal de traverser le Mont (ou colline) Sauvy, situé dans la commune d’Orgon, pour alimenter la branche Sud dite AS1 allant vers St Rémy de Provence.

Le Mont Sauvy est principalement constitué de calcaire (carbonate de calcium) Urgonien formé durant l’ère secondaire (nom emprunté à Orgon) et de marnes grises. Ce calcaire est un calcaire crayeux de 90-92% d’indice blancheur qui, de par sa qualité, est exploité dans une carrière à ciel ouvert sur le flanc Nord-Est du Mont Sauvy par l’usine du groupe Suisse OMYA depuis 1957, cette dernière est située route d’Eygalières à l’intersection de la D7N. Ses produits sont exportés sur de nombreux continents sous forme de poudre de craie vendue sous le nom d’Orgonite.

La construction du tunnel a bénéficié d’anciennes galeries de mines de calcaire creusées préalablement. Une plaque située à l’entrée tunnel indique d’ailleurs « Tunnel de la mine ».

Le choix de l’emplacement du tunnel est donc certainement lié à la présence de cette mine, réduisant ainsi le travail d’excavation. Les pierres extraites de cette mine ont servi à la construction du château d’Orgon (ancienne forteresse du duc de Guise autrefois place forte et prison, résidence des Templiers), de l’église Notre Dame de Beauregard ainsi que de la chapelle Saint-Gervais, chapelle funéraire construite au XVe siècle par une riche famille orgonnaise.

Deux salles d’extraction de pierres, situées à mi-distance de l’actuel tunnel, se trouvent au-dessus de la voûte du tunnel, l’une de 7m de haut et une autre de 4m de haut située au-dessus de cette dernière.

Le tunnel possède une longueur de 345m et est constitué de 42 voutes. On peut noter la présence de pierres en saillie des murs de soutènement, ces dernières ayant servi à l’installation des échafaudages pour le creusement et la construction. Compte tenu du type de matériaux constituant la mine, le tunnel fut creusé en utilisant des barres à mines et des coins car l’utilisation de la poudre comme explosif (utilisable à cette époque) ne pouvait pas se faire dans le calcaire, car trop friable.

Le tunnel est interdit de visite en raison de la présence de chauve-souris (7000 individus environ) (Arrêté Préfectoral de la protection du biotope du «30 Septembre 2013). Ces dernières quittent leur habitat fin Août pour hiberner dans les grottes de la Caume à St Rémy.

Article de Didier Noël , ingénieur en signaux de détection