L’arrivée du canal à St-Rémy : un renouveau pour l’agriculture saint-rémoise

Au sud, aux pieds des Alpilles, avant l’arrivée du canal, se pratiquait une agriculture de pays sec : amandiers, oliviers, plantes aromatiques, quelques céréales et autour du mas, grâce au puits creusé à bras d’homme, un potager  soigneusement entretenu, à usage familial: pommes de terre, tomates, aubergines, haricots blancs, courges, auxquels s’ajoutaient les fruits du verger  et  le raisin  de la treille qui ornait la façade. Parfois une petite vigne permettait de faire un vin réservé à la famille et aux amis.

Avec la mise en eau du canal en 1860, une agriculture totalement différente s’est créée  dans cette partie  qui pouvait enfin bénéficier de l’arrosage. Du coup, se sont développées des cultures qui  existaient déjà  dans le quartier des Jardins: les semences, en premier lieu de plantes aromatiques et puis très rapidement, de légumes et   de fleurs .Les grainetiers saint-rémois étaient célèbres dans l’Europe entière et  se retrouvaient avec les courtiers à l’Hôtel de Provence (Hôtel de l’Image). Le plus souvent le grainetier passait un contrat avec le paysan en lui fournissant les graines. Si l’on prend l’exemple des graines de fleurs : pétunias, zinnias, œillets, amarantes,  œillets de poète, pourpiers, giroflées,   étaient cueillis à la faucille ou arrachés et après avoir été « épurés », déposés  sur l’aire  devant les mas où ils séchaient  dans la journée  et  rentrés le soir.  Le cheval était ensuite attelé à un gros rouleau de pierre qui foulait les plantes  et on récupérait les graines. Jusqu’aux années 60, en se promenant, on  sentait le parfum des fleurs avant de les découvrir les champs de fleurs odorants au détour des haies de cyprès .Peu à peu la concurrence étrangère a joué et  les semences ont disparu.

 Le canal a aussi permis la culture à grande échelle de fruitiers : pêchers, nectarines,  et bien sûr de ces savoureux légumes qui font la réputation des marchés provençaux. Les enfants  n’ont pas toujours repris le métier de leurs parents, des terres se sont vendues, des mas ont été restaurés et des maisons d’habitation  construites. Le Canal lui continue de permettre l’irrigation de domaines agricoles, de vignobles,  mais aussi  des jardins de ces résidences. Le gazon apparu  dans les Alpilles avec ces nouvelles habitations doit beaucoup au Canal !

(texte de Jacqueline Leroy ,Vice Présidente de l’association des Amis du Canal des Alpines)

Champ de pétunias « comme autrefois » devant le moulin du Calanquet